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Symbolisme païen de l'arc-en-ciel

Publié par La Caravane des Sources

Symbolisme païen de l'arc-en-ciel

 

SYMBOLISME PAÏEN DE L'ARC-EN-CIEL...

Alors que la tradition biblique réduit l'arc-en-ciel à une image de l'alliance passée entre dieu et son peuple élu, le peuple d'Israël, les traditions polythéistes du monde entier lui ont donné une valeur bien plus profonde. Pour les païens, l'arc-en-ciel était le pont sacré, celui qu'empruntent les Dieux pour se rendre dans les différents mondes. Il était vu 
comme le lien mythique entre le monde ouranien, le monde céleste, et le monde terrestre. Il est ainsi le chemin et la médiation entre l'ici-bas et l'au-dessus. Ce pont reliant ciel et terre a survécu dans un terme romain qui désignait une classe de prêtres païens: les pontifes. Le pontifex était chargé de garder un pont sacré et de veiller au respect des rites dédiés aux Dieux. Un pont est donc ce qui relie, ce qui génère un lien. C'est d'ailleurs cette dernière notion qui est à l'origine du mot "religion", mot qui vient du terme latin "religio" (qui relie avec le divin). Le pont et l'arc-en-ciel doivent donc être compris comme ce qui établit le lien (religio) entre les hommes et les Dieux. Par ailleurs, il existe un aspect secondaire dans la symbolique de l'arc-en-ciel, c'est celui qui le relie à l'eau céleste, la pluie, et à son pouvoir fécondant. Dans tous les cas de figure, l'arc en ciel nous connecte au monde des Dieux et à la dimension magico-religieuse des renouvellements cycliques. 

Chez les chamans de tradition sibérienne, très proches des traditions chamaniques du Nord européen, il existe la coutume d'utiliser des rubans portant le nom "arc-en-ciel" afin de symboliser le pouvoir du chaman de voyager entre les différents mondes, celui des vivants et celui des esprits. Cette communication avec les sphères supérieures de l'être n'est donc possible que si l'on emprunte le mythique pont arc-en-ciel. 

Chez les Grecs l'arc-en-ciel était le grand lien entre hommes et Dieux olympiens. On lui donnait le nom d'Iris, le messager rapide des Dieux, et devint avec le temps l'expression même du langage des Dieux. 

Dans la tradition indo-aryenne, les sept couleurs de l'arc-en-ciel représentaient les sept différents cieux de leur cosmogonie. Ici aussi il symbolise la communication entre Dieux et hommes.

L'arc-en-ciel de tradition païenne le plus célèbre est sans aucun doute celui des peuples germano-nordiques. C'est le pont Bifrost. Il est le pont arc-en-ciel divin, celui qui relie le monde des hommes au lieu de résidence du Dieu Heimdall, le royaume nommé Himinbjörg. Le Dieu Heimdall est le grand gardien de l'arc-en-ciel Bifrost. Il veille à la porte qui donne accès à Asgard, le monde des Dieux Ases. En tant que veilleur de la porte divine, il peut être comparé au Dieu bicéphale des Romains, le Dieu Janus, celui qui garde la grande porte des transitions cycliques et du monde céleste des Dieux. Les textes anciens disent que les Ases empruntent chaque jour le pont arc-en-ciel Bifrost afin de se rendre à Urðarbrunnr, le puits du destin. Lors du grand accomplissement cyclique connu sous le nom de Ragnarök, les forces du chaos elles aussi empruntent le pont arc-en-ciel Bifrost, prenant ainsi d'assaut Asgard, le monde des Dieux. C'est ce même Ragnarök qui est annoncé par le Dieu Heimdall lorsqu'il fait retentir son cor afin que tous les 9 mondes soient au courant de cet évènement eschatologique. Au travers de la tradition germano-nordique, nous pouvons donc constater encore une fois que le symbolisme de l'arc-en-ciel est prinicpalement celui du chemin céleste entre hommes et Dieux, celui qu'emprunte souvent "l'habitué des chemins" (Vegtamr), le Dieu Odinn.
Certaines coutumes qui ont survécu dans la sagesse populaire des Germains (le folklore), démontrent que les hommes voyaient l'arc-en-ciel avec grand respect, et même avec crainte. En Bavière, en Souabe, et en Prusse orientale, il est commun de dire qu'il vaut mieux se tenir éloigné d'un arc-en-ciel, au risque d'être "aspiré" vers le haut, vers les sphères célestes. On peut évidemment voir dans cette crainte une survivance de l'ancienne croyance au pont comme médiation entre ciel et terre. En Bohème, avoir un arc-en-ciel qui finit sur un foyer, nétait pas de bonne augure pour la famille de la maison. On s'attendait alors à un brusque changement du destin. En Silésie et en Autriche on déconseille de pointer du doigt vers l'arc-en-ciel au risque d'attirer sur soi des changements indésirables. Et dans presque tous les folklores germano-nordiques, l'extrémité d'un arc-en-ciel est le lieu où se cache un énorme trésor, élément mythologique symbolique mettant l'accent sur l'aspect hautement sacré du lieu. 

Ainsi, lorsque vous avez la chance de voir un splendide arc-en-ciel, n'hésitez pas à vous laisser envoûter par la magie de cet ancien symbole qui vous portera alors vers les racines mêmes de nos anciennes religions païennes. 

Hathuwolf Harson

Sources:
"Kleines Lexikon des Aberglaubens", Ditte und Giovanni Bandini

"Lexikon der germanischen Mythologie", Rudolf Simek

"Dictionnaire des symboles", Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

"La religion romaine archaïque", Georges Dumézil

Le Dieu Heimdall: 
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=278903585581790&set=a.306265149512300.1073741847.230064080465741&type=3&theater